Véronique Maurel : La voix des petites et moyennes entreprises

16 Fevrier 2017

Var matin - 16 février 2017

Interview Véronique Maurel a cédé sa place de responsable de l'UPV de Draguignan pour prendre des responsabilités plus importantes. Elle veut se faire entendre des politiques

Son accent du Sud-ouest indique ses origines. Véronique Maurel a grandi dans le Tarn, mais c'est à Draguignan que cette chef d'entreprise s'implique doublement : dans l'entreprise Ixarys solutions, ondée en 2008 avec son mari Patrick Hyppolite, et dans le syndicalisme. Présidente de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) dans le Var, elle a dirigé la délégation de l'Union patronale du Var de Draguignan et du Haut-Pays varois. Avant de passer le relais à Jean-Marc Delluc. Le 23 mars, elle deviendra vice-présidente de l’UPV, présidée par Gérard Cerruti qui représente le Médef.

De quand date votre engagement à l’Union patronale du Var ?
Je suis entrée à l’UPV à la délégation de Fréjus Saint-Raphaël il y a neuf ans. J’avais envie de prendre des responsabilités, on me l'a proposé. J’aime bien les challenges, je voulais savoir si j'étais capable d’assumer cette responsabilité.

Que défend votre syndicat ?
On défend les valeurs et les intérêts du patronat mais aussi des salariés. On a divers services pour cela : soutien des entreprises au quotidien et dans leurs projets d’expansion, assistantes sociales, comité d’entreprise avec la carte Odyssée. On développe également des formations spécialisées en santé, sécurité au travail et prévention des risques, et on propose des formations initiales, comme l’Institut méditerranéen du sport, de l’animation et du tourisme.

Véronique Maurel défend la cause des PME-PMI au sein de l’UPV tout en dirigeant son entreprise Ixarys avec son conjoint Patrick Hyppolite.
(photo Michel Johner)

Quelle autre mesure attendez-vous ?
La simplification administrative, en particulier dans le droit du travail qui s’est complexifié.
Nous ne sommes pas contre les obligations légales, mais les contraintes, notamment administratives, sont chronophages. À cause de cela, on ne va pas chercher des clients. Le dirigeant de PME doit tout faire, il doit être commercial, comptable, chargé du marketing, DRH... ) Je passe de plus en plus de
temps devant mon ordinateur alors que je devrais mettre le maximum de moyens pour satisfaire les clients. Contrairement à un patron de grosse entreprise, celui d'une PME n’a pas la surface financière pour avoir un DRH ou un directeur commercial...

On vous sent un peu désabusée...
En ce moment dans les médias, on ne parle que des affaires. On ne parle plus d'emploi, d’économie, alors que le taux de chômage est important. C’est désespérant.

Quel message souhaitez-vous envoyer aux candidats aux élections présidentielles et législatives ?
Qu'on nous laisse tranquille. L’administration nous fait perdre du temps et nous n’avons pas de temps à perdre car nous devons faire rentrer de l’argent pour faire vivre nos entreprises, nos salariés. Il faut laisser de la liberté aux chefs d'entreprise pour pouvoir travailler et embaucher.
PROPOS RECUEILLIS PAR V.G.

Pourquoi vous engagez-vous ?
Je suis engagée à un niveau départemental, régional et national, je vais à Paris tous les mois au comité national, parce que j’ai des valeurs, des convictions et que si je peux amener quelque chose de positif c'est bien. Si vous saviez ce à quoi on a échappé... Heureusement que les syndicats de patrons sont là pour expliquer aux ministres qu'on va tous mourir si on continue ainsi. Il faut que ces chers hommes politiques nous écoutent, qu’ils écoutent surtout les patrons des PME.

Quelles sont vos revendications ?
Depuis des années, on leur demande une vraie baisse des charges, du réel, du concret pour les PME. 80% des entreprises sont des PME. Pour elles, la baisse des charges est la mesure essentielle. Les charges pèsent énormément, elles sont un frein à l’embauche et à l'augmentation des salaires.
Cet argent des charges, on ne le donne pas à nos salariés.



« Ixarys c'est mon bébé, c’est ma vie »


Très investie dans la défense des PME, Véronique Maurel est avant-tout une chef d'entreprise. « Ixarys c'est mon bébé, c'est ma vie » confie-t-elle. « Entreprendre c'est difficile. Il faut un sacré courage pour le faire aujourd'hui », souligne cette femme dynamique, qui a fait des études d'œnologie et qui a travaillé dans ce domaine avant de se lancer.
La PME de dix salariés conçoit et édite des logiciels garantissant la traçabilité de produits, dans la viticulture et l’aéronautique. Deux secteurs d'activités très pointus. Implantée à Draguignan, la société a également ouvert un bureau à Gap (Hautes-Alpes). « Tous nos logiciels sont conçus, développés ici, traduits en anglais. Nous sommes présents dans la France entière au niveau des caves coopératives (région Paca,Bordelais, Alsace ) et en Suisse aussi. On suit tout ce qui se passe Sur le terrain jusqu'à la bouteille et au paiement des vignerons. »

Ouverture d’une filiale au Canada
Ixarys a créé une filiale au Canada (Mont-réal) pour déployer son offre à l'international. Les projets ne manquent pas pour l’équipe qui travaille sur un gros appel d'offres. - Notre objectif est de nous développer à l'international ».
Régulièrement, de nouveaux produits sont déclinés pour répondre aux besoins spécifiques des clients, comme un logiciel de livraison de bagages pour une compagnie aérienne entre l’Asie et l'Afrique, la gestion de prise de commandes pour des magasins canadiens, ou la traçabilité d'un artisan glacier pour sa chaîne de fabrication. Du sur-mesure !
Le chiffre d'affaires est en progression et le nombre de salariés devrait croître aussi.

Des difficultés pour recruter... à Draguignan
Mais ce n'est pas évident - Cela fait sept mois qu’on cherche des développeurs, niveau ingénieur, et qu'on ne trouve pas. Ces jeunes qui sortent de grandes écoles ne veulent pas venir à Draguignan Même avec un salaire attractif, ils préfèrent Aix, Nice ou Montpellier. Ils ont fait des stages à l'étranger, connaissent les Etats-Unis, Singapour. Ici pour eux, le soir, c'est mort …»
Sa priorité reste la pérennité de son entreprise. « Ma société me prend énormément de temps. C'est un combat quotidien. Si je peux me permettre de prendre des responsabilités, de m'absenter pour la CPME, c’est parce que je travaille avec mon conjoint. Patrick Hyppolite. Nous formons une équipe. »

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